jeudi 18 octobre 2012

Rencontre automnale...

        Bonjour à tous et bienvenue au nom de l'équipe de Sens uniques. Je m'appelle Eloise, et je me lance pour vous parler d'un spécimen rencontré tout à l'heure... Bonne lecture!

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« Dans la rue les silhouettes sont de plus en plus grossières, épaisses, simplifiées. Fini les courbes épousées pour le meilleur et parfois le pire par des fibres légères, pleines de volupté. Les mains des gens disparaissent dans leurs poches, l’automne est là. En traversant un parc, je laisse mes yeux contempler la collection éphémère dont Dame Nature a revêtu les arbres, flamboyante et volatile.
Perdue dans mes pensées, hypnotisée par le tourbillon que décrivent les lambeaux de peau arrachés par le vent à ces victimes placides, je suis percutée par une jeune femme à vélo. Le choc n’est pas violent, nous sommes à pied, mais mon nez fait tout de même connaissance de façon approfondie avec son épaule. Lors de la collision, la jeune femme d’un bon mètre quatre-vingt laisse échapper son smartphone qu’elle tenait d’une main fébrile en conduisant. Il se brise dans un bruit sec et court.
           Au regard effaré qui m’est adressé, je m’apprête par politesse à présenter des excuses mais je n’en ai pas le temps. Telle une harpie, cette cycliste du dimanche se met à hurler comme une hystérique, prenant la foule (deux promeneurs étrangers et un jeune jogger plutôt mignon) à parti. Tentant d’abord de comprendre ce qui se passe, je perds mon sang froid lorsque la pimbêche se met à m’insulter et à me demander de lui rembourser son téléphone. Me retenant de gifler mon interlocutrice, et frottant mon nez de plus en plus douloureux, je comprends enfin ce qui vient de se passer. Cette andouille faisait du vélo hors de la piste cyclable tout en téléphonant. Considérant que le monde lui appartenait, elle est partie du principe que les autres membres de l’espèce devaient prendre en considération la moindre de ses trajectoires pour éviter de la ralentir.
Le fait qu’elle roule hors de la piste cyclable, je m’en moque. Combien de fois ai-je moi-même circulé hors des voies autorisées comme disent les agents de la paix. Je ne fais pas non plus de leçon de morale quand au téléphone. Ce qui me chatouille un peu, c’est que quand on est une asperge blonde de presque deux mètre dont les cuisses sont épaisses comme des aiguilles à tricoter, et qu’on pédale en talon de 13 centimètres, mieux vaut être un peu attentif. Il faut vraiment avoir le Q.I d’une brosse à toilette pour ne pas être fichue de regarder où l’on va. Et ce n’est pas la peine de me regarder avec les sourcils froncés et une bouche pleine de gloss en cul de poule. Persuadée de sa supériorité, cet épouvantail de défilé croit m’impressionner en me fusillant du regard. Je décide alors de m’en aller sans dire un mot, en collant mon propre smartphone à mon oreille de façon un peu démonstrative en guise de petite vengeance…
 Je suis tombée sur une vraie fleur, une pouf de luxe. Le genre « pèlerin de la rue Montaigne », enveloppe corporelle européenne, habitude de consommation des hautes classes asiatiques, éducation des banlieues françaises défavorisées, moyens illimités. Niveau de pitié pour les malheurs du monde, 0. En même temps, c’est aussi le niveau de conscience qu’il y existe un monde autour d’elle !
Vous en connaissez peut-être, vous en avez sûrement  déjà croisé. Elle se décline en une multitude de modèle, tous aussi insupportables les uns que les autres, et son arme de dissuasion favorite est le caprice (niveau professionnel). J’ai encore le temps de refaire sa garde-robe alors je suis restée soft, mais je me doute qu’au détour de vos propositions, j’aurais l’occasion d’écorner un peu plus l’image de femme du monde qu’ont les naïfs de cette poupée infernale. »

Eloïse. H

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